Témoignage: Pourquoi nous avons choisi l’instruction en famille?

Témoignage de Floriane

En septembre 2021, j’ai commencé à me renseigner sur l’école à la maison.Nous sommes en couple et nous avons deux enfants. Ma fille de 3 ans et un bébé d’un mois.Alors pourquoi avons-nous choisi l’instruction en famille (IEF) ? L’école ne garantit pas la sécurité affective et psychologique de ma fille. J’ai travaillé en tant que diététicienne dans des projets scolaires et j’ai pu voir à quel point on ne respectait pas l’enfant : violences physiques (attraper le bras de l’enfant et le secouer, par exemple, ou le tirer ou lieu de lui demander tranquillement de se décaler), violences psychologiques avec des punitions, attributions de bons points, humiliations devant les camarades «  non mais tu ne sais pas découper, ou tu le fais exprès ? ». Malgré ce que l’adulte peut penser, l’enfant est sensible et profondément touché par ces phrases rabaissantes. Nous le pensons trop petit pour être affecté, mais il enregistre et accumule les humiliations comme des blessures qui l’empêchent d’être lui-même, de se développer de progresser, et il perd progressivement confiance en lui.L’école ne tient pas compte des besoins physiologiques de ma fille (respect d’horaires précis), elle ne peut pas se reposer le matin si elle en a besoin car elle devra être réveillée pour arriver à l’heure. Dès son plus jeune âge nous contraignons l’enfant à subir un stress et ça ne correspond pas à nos choix de vie familiaux. 
L’école limite profondément l’enfant dans son apprentissage, il ne lui laisse pas la possibilité d’acquérir des connaissances en fonction de son évolution personnelle et de ses centres d’intérêts. Du coup, s’il n’est pas intéressé, il aura une étiquette « il ne veut pas travailler, il pourrait faire mieux, ou pire il peut être humilié par l’attribution de mauvais point ou de réflexion humiliante à son égard »
L’effectif dans une classe: il est impossible d’assurer la sécurité physique et psychologique de 30 enfants avec seulement 2 adultes! Les adultes se sentent dépassés, ils ne gèrent plus leurs émotions et ils éclatent et l’enfant subit le manque de moyen de l’éducation nationale et le manque d’enseignants.
On demande à des enfants de 3 ans d’être autonomes, de se dépêcher, de ne pas pleurer, d’écouter, de ne pas bouger. Des attentes complètement absurdes quand on connaît les capacités et le rythme de développement du cerveau d’un petit.
En choisissant l’IEF, je protège mon enfant des dérives des adultes (attouchements sexuels, violences physiques ou psychologiques). Je ne peux pas m’empêcher de savoir que des enseignants ont recours à ce genre d’acte, il est donc impossible pour nous de jeter notre fille dans la gueule du loup.
Je rajouterai que ma fille reçoit une éducation bienveillante et bien différente d’autres enfants. Car nous savons les conséquences psychologiques d’une éducation basée sur la punition et la violence psychologique et physique, d’où notre choix d’appliquer une parentalité bienveillante envers nos enfants.  A l’école elle risquerait de subir des injures, des moqueries, de la violence. Je ne remets en aucun cas la faute sur les enfants mais sur les parents et le système qui prônent une éducation obéissante avec une posture de force sur l’enfant. L’enfant reproduit seulement les attitudes de ses parents. Ma fille est hypersensible à ce genre de comportement. Elle serait affectée psychologiquement de subir au quotidien ce type de situation alors qu’elle ne le vit pas à la maison.
Je ne cacherai pas que je remets en cause le système scolaire français. Le taux d’échec scolaire ne cesse de progresser et l’éducation nationale est complètement aveugle à cette situation. Les enfants accumulent des lacunes, perdent confiance en eux, se sentent en échec et baissent les bras. Les enseignants démissionnent ou choisissent de faire des reconversions professionnelles. Je ne parlerai pas des cabinets d’orthophonie qui depuis maintenant des années sont débordés face à l’augmentation des enfants dyslexiques, en retard ou en échec scolaire! Et nous voudrions remettre la faute sur l’enfant bien entendu! Alors que c’est le système qui pose problème.
On fait aussi le choix de l’ief pour être avec elle, vivre ensemble en famille, et éloigner nos enfants de cette société qui ne te laisse pas être toi-même, construire ta propre personnalité, au prix de recevoir du harcèlement si tu ne fais pas comme les autres (mettre un jean à la mode, etc.)…

Mon choix de l’ief est un choix éclairé et conscient. L’apprentissage de ma fille est de ma responsabilité comme celui de son éducation. Je refuse de la jeter dans la gueule du loup. Par tous les éléments cités ci-dessus j’affirme haut et fort ne pas avoir confiance dans la façon dont l’école est assurée en France, ni dans l’éducation nationale.

Par contre je ne généralise : chaque enfant est différent. L’école de la publique peut convenir pleinement à des familles. C’est pourquoi ma fille est concernée par le motif « situation propre à l’enfant » qui n’a pas été considéré dans mon dossier pédagogique. Mon dossier à été refusé sans raisons valables. J’ai donc fait un recours administratif (RAPO)

Notre parcours :

Mon parcours scolaire a été classique. J’ai été à l’école « de la république ». J’ai fais ma primaire dans une école publique. J’ai des souvenirs très clairs de cette période : on m’a appris les syllabes et non le son des lettres en CP … ce qui a eu pour conséquence que je sois dyslexique ! En cm1, j’ai eu une maîtresse qui appliquait les bons points et l’humiliation, j’avais de très grosses difficultés en orthographe et grammaire, j’avais des zéros en dictée, malgré mes efforts…cette maîtresse a passé l’année à me rabaisser… je n’en ai jamais rien dit à personne….

A propos des étiquettes : « dyslexie, hyperactivité ou encore haut potentiel ». A mon sens, ce sont juste des concepts pour expliquer aux parents en quoi leur enfant est différent des autres enfants. En réalité, c’est surtout le reflet d’un programme scolaire en échec, qui est incapable de s’adapter au rythme de chaque élève… Au final le haut potentiel sera considéré comme « plus intelligent » et le « dyslexique » on lui met un boulet à la cheville.

Il y a quelques années, je culpabilisais sur les fautes d’orthographes que je peux faire encore… je me suis même empêchée de réaliser des projets professionnels de peur à cause de ce complexe !

Mais mes problèmes de français ont une histoire….. J’avais des difficultés en CP, je confondais les syllabes et donc les sons de certaines lettres (p ou b, par exemple) … cette situation a été le début de mes problèmes en Français, l’humiliation par cette maîtresse de CM1, les remarques…. j’ai donc enregistré « je suis nulle en Français » (d’où mon attirance pour les matières scientifiques)

La suite de mon parcours scolaire : au collège j’ai intégré une école privée et je pratiquais la gymnastique rythmique et sportive (GRS) 12h/ semaine…. J’enchaînais école et le sport je me couchais à minuit et me réveillais à 5h. J’étais exténuée mais le deal était « si tu travailles bien à l’école tu continues la GRS ».

J’ai toujours eu une énorme volonté, je me bats pour arriver à faire ce que mon cœur me dicte, donc j’ai rien lâché. Au collège j’ai eu des grosses difficultés en anglais (j’avais un prof qui était complètement dépassé par sa vie personnelle : manque d’hygiène, aucun cours préparé…). Résultat ? J’ai accumulé des lacunes que je n’ai jamais pu rattraper… J’ai essayé de tout reprendre je travaillais beaucoup plus pour réussir mais je n’ai jamais réussi à avoir un bon niveau d’anglais. 

La cinquième a été  la classe la plus difficile pour moi, ma prof de mathématique était un tyran ! Elle était humiliante, blessante et j’en passe. Elle n’hésitait pas à me dire que j’étais nulle, que je ne travaillais pas assez (alors que je me couchais à minuit pour essayer de réussir ses exercices de mathématiques), un jour elle n’a pas hésité à m’humilier devant la classe en disant que j’étais une incapable, que je n’y arrivais jamais et qu’elle laissait tomber avec moi… Je précise que cette prof ne répondais pas aux questions ! J’étais une élève qui essayait de comprendre, je demandais qu’elle m’explique à nouveau… Sa réponse était « c’est simple tu regarderas ton cours à la maison et tu comprendras ».

Au lycée je retourne en public. Je précise que j’ai quand même fini par passer un bac S (mention bien!) et que mes matières de cœur sont les mathématiques et la physique chimie! En première, ma prof de mathématiques me donnait des fonctions dérivées à faire en plus, car j’adorais ça.

Après le BAC, je fais un BTS Diététique puis après mon BTS j’ai enchaîné les DU pour me spécialiser. Aujourd’hui, je suis Diététicienne psycho-nutritionniste Physiothérapeute.

J’ai toujours été très sociable, je défendais énormément les autres. Et j’ai d’ailleurs subi du harcèlement scolaire parce que je prenais la défense de ceux qu’on harcelait car je ne supporte pas ce genre de comportement.

Mon mari est totalement d’accord avec moi concernant l’école, il avait 4 frères. Les 2 premiers étaient des garçons perturbateurs (comme on aime bien les appeler dans les écoles), résultat mon mari a toujours été comparé à ses frères pendant toute sa scolarité. Les profs au collège lui demandaient de poser son cahier de surveillance sur son bureau avant même qu’il soit assis. 

Il dit qu’il est impossible de s’occuper correctement de 30 élèves, d’être bienveillant. Il pense aussi que notre éducation sera perturbée si elle va à l’école. Par exemple : notre fille ne regarde pas la télé. C’est notre choix. Il est certains qu’elle sera en décalage avec des enfants de l’école, elle ne connaît pas les dessins animés…. donc elle risque de recevoir des moqueries et de se faire harcelée en grandissant, car différente des autres vu qu’elle ne regarde pas la télé, n’écoute pas la dernière musique de RAP à la mode, etc.

La parentalité positive :

Je vais d’abord expliqué l’éducation que j’ai reçue. Elle explique les choix que j’ai fait en tant que parent. Ma maman a été une maman tyrannique, qui aimait dominer ses enfants.

Aujourd’hui je ne ressens pas le besoin de la voir, malheureusement ! Elle ne me manque pas, elle n’est pas indispensable à ma vie. Quand j’étais enceinte, j’ai énormément lu : Isabelle filiozat, Maria montessori… et j’ai compris que l’enfant devait avoir confiance en son parent. Et j’ai compris que le comportement que ma mère a adopté à brisé cette confiance j’ai appris à faire sans elle. J’avais peur de ma maman…. Et c’était impossible que mes filles aient peur de moi… j’ai donc commencé à appliquer la parentalité positive.

Concernant mon enfance il y a tellement pire… mais je sais que ce blocage que j’ai envers me mère, cette distance que je maintiens est lié à ce manque de confiance et cette rupture qu’il y a eu, à cause de ses excès de colère.

Je me suis aussi servie de mon expérience professionnelle : j’ai travaillé en centre aéré et dans des écoles. Je peux affirmer que crier pour se faire obéir n’a aucune conséquences positives. Avec les enfants je préférais adopter une posture calme, rigolote et les enfants me suivaient toujours. 

Dès que ma fille traversait une période de développement sensible je changeais de posture et la parentalité positive a toujours été bienveillante et efficace. Et tout le monde le remarque, on me dit : « Tu es calme avec ta fille, douce, tu ne l’a brusque pas ! Tu prends toujours le temps de lui expliquer les choses et elle ne pleure jamais… ». Et je répond « parce qu’elle n’accumule pas de frustrations et que je remplis son réservoir affectif ». Elle est d’ailleurs très sensible aux bruits, aux cris. Si un enfant pleure elle ira directement vers lui pour l’aider, le consoler….

A la maison nous appliquons une parentalité positive, nous respectons l’enfant dans son intégralité. Nous nous interdisons de prendre le pouvoir sur notre fille, nous n’attendons aucune obéissance absolue de sa part. Nous cherchons plutôt la coopération. Depuis sa naissance nous l’observons, la laissons tout simplement être une enfant, nous n’élevons pas la voix. Nous l’accompagnons dans son développement sans avoir recours à l’humiliation, par exemple, si elle se trompe ou si elle casse ou fait tomber un objet… De même le mot « punition » n’existe chez nous. Nous sommes conscients qu’elle n’est pas en capacité de gérer ses émotions ou encore que le centre d’inhibition n’est pas encore acquis. Ce sont les connaissances scientifiques que nous avons acquises, sur son développement neuronal, qui font que nous appliquons ce choix éducatif.

Concernant « les crises », un enfant de 3 ans ne fait pas de crises ! Il n’a juste pas la capacité de contrôler son centre d’inhibition. Parfois il comprend l’inverse de ce qu’on dit… Par exemple : « ne ferme pas la porte » !… peut devenir pour l’enfant « ferme la porte », son cerveau n’ayant pas la notion de la négation.

Je ne « cède » à rien, j’adapte juste mon comportement en fonction de ses réactions car en tant qu’adulte, j’en ai la capacité ! Ma fille ne le peut pas ! Je prends en compte son âge, je sais qu’elle est petite et qu’elle apprend. Elle a le droit de ne pas être d’accord avec moi, d’être en colère, et d’ailleurs je l’encourage à dire « non je veux pas » et en fonction du sujet je prends le temps d’expliquer, de discuter, et surtout de faire des câlins pour qu’elle libère de l’ocytocine et s’apaise.

Exemple: « Maman je veux du chocolat », ma réponse « Le chocolat c’est mauvais pour la santé, on peut en prendre un peu de temps en temps mais pas tout le temps, tu comprends ma chérie ? », elle me dit « OK maman je comprends », ou bien dans un magasin : « Maman ça c’est à moi », ma réponse « Est-ce qu’on a des ballons à la maison ? », sa réponse « oui », ma réponse « On en a beaucoup ! Du coup celui ci on le laisse aux magasins, si un jour on a besoin d’un ballon on viendra l’acheter ».

C’est juste ma façon de parler qui diffère de celle des autres parents et qui empêche « un caprice » (pour moi, les « caprices » n’existent pas ! C’est une invention des adultes pour parler de réactions des enfants qu’ils ne savent pas gérer) Et puis même si dans une situation elle se met à pleurer (car bien entendue cela arrive), et bien ce n’est pas grave ! je la câline et je prend le temps de lui expliquer. 

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